Viste de l’atelier d’Yves Monnier
Ce lundi 20 janvier nous étions une douzaine d’amis du Magasin à nous retrouver à Saint-Romans pour la visite de l’atelier d’Yves Monnier. L’espace Vallès en 2010, la conciergerie à La Motte Servolex et le Magasin en 2017, et le VOG en 2024 l’avaient déjà sollicité et exposé.
Sylvie :
J’espère me faire la porte-parole du groupe en affirmant que cette rencontre a été une parenthèse « enchantée ». Sensibles, intelligentes et belles, (certains penseront que ce dernier qualificatif est suranné mais je l’assume entièrement) voire émouvantes pour certaines, aucune de ses œuvres ne laisse indifférent.
Yves possède des qualités rares qui vont du talent à une forte réflexion sur notre époque actuelle ainsi qu’un lien avec les populations qu’il rencontre et certains scientifiques avec lesquels il peut coopérer.
Martine :
C’est une histoire d’amour entre un japonais et ses vaches …
Après la catastrophe de Fukushima les éleveurs de bovins qui étaient installés a proximité de la centrale ont été contraints par le gouvernement japonais d’attacher leurs vaches dans leurs étables et de les abandonner là, afin que contaminées elles ne divaguent pas sur les terres alentour .
Masami Yoshizawa ne supportant pas de laisser ses animaux mourir de faim ainsi, a forcé les barrages et a réussi à obtenir un permis spécial lui permettant de vivre dans la zone interdite pour y nourrir ses bêtes et leur permettre d’avoir une fin de vie digne. Ayant eu connaissance de cette histoire, Yves a contacté M. Yoshizawa pour lui demander de lui envoyer, aidé par la photographe japonaise Sayuri Arima des clichés de chacune de ses vaches, et c’est à partir de ces photos qu’Yves Monnier a commencé cette spectaculaire série dans laquelle il altère avec une grande délicatesse la photo d‘origine : à l’aide de pochoirs, il dépose des couches de pigments, de goudron, de matières qui nous permettent de voir, de ressentir mieux que ne le feraient les discours scientifiques la douleur profonde provoquée par cet accident nucléaire.
Pierre :
Merci pour cette visite et très belle rencontre.
En dehors de la thématique « pointue » de cet artiste, l’originalité et la complexité des ses œuvres se croisent avec sa grande simplicité et son sens du partage … et cette nouvelle position sur la nature, ses dangers sans angoisser du moment .
Édouard :
Yves Monnier, plasticien nous recevait le 20 janvier, dans son atelier.
Son travail sur le climat est de pleine actualité avec l’exposition Strates, présentée du 8 février au 1er mars au musée de Grenoble, en partenariat avec l’Hexagone de Meylan dans le cadre de la biennale Experimenta. Le collectif Strates est composé d’Yves Monnier, et de Laure Brayer, architecte, Marc Higgin, anthropologue, et Olivier Labussière, géographe.
Ce projet est né de la rencontre entre Yves, et des chercheurs et chercheuses travaillant sur l’expérience sensible des milieux de vie dans l’anthropocène.
Le nom Strates résulte de cette couche matérielle, parfois support pour le vivant, qui résulte d’un geste collectif, humain et non-humain : de quoi une strate est-elle le témoignage ? Comment notre société réagit-elle face aux strates qu’elle coproduit ? Comment observer sa lente constitution dans un lieu donné ?
Pour rendre visible l’invisible, l’artiste travaille à partir de pochoirs appliqués sur des plaques de Fermacell, sur lesquels se déposent pollens, particules, feuilles et sable. Après un temps de dépose en extérieur, le négatif de l’image est décollé pour en révéler un positif atmosphérique. L’image interroge et fait parler. Elle rend visible ce que l’on respire.
Avec une grande gentillesse, l’artiste a développé dans les détails la démarche qui a abouti à l’exposition qui ouvrira dans quelques jours.
Le groupe a aussi découvert toute une série d’œuvres présentées en particulier à l’espace Vallès et au Vog récemment. Les coulisses de la création (atelier pour réalisation de sérigraphies, dans le respect de l’environnement) étaient précieuses pour comprendre la démarche technique et artistique.
La découverte, ou redécouverte de la série des Vaches de M. Yoshizawa – œuvres présentées il y a dix ans au Magasin – fut un choc.
Le groupe a apprécié de bénéficier d’une série d’explications en particulier sur des séries récemment exposée : Pilotis, Hors saison, Greta.
Signalons la revue Terrains, n°80 (2024) qui consacre un ouvrage « aux franges du phénoménal » dans lequel un article passionnant est consacré à l’équipe qui travaille avec Yves Monnier : « Ouvrir les sensibilités à l’atmosphère »
https://yvesmonnier.com/
https://yvesmonnier.com/les-vaches-de-monsieur-yoshizawa
https://yvesmonnier.com/strates/